Presque

À l’horizon tremblant ivre de kérosène
Dans les herbes d’Orly je rêve ton pays
Les larmes plein le sud à deux ailes d’ici
Où vont ces oiseaux nus les filandres qu’ils traînent
Je t’invente un prénom de princesse mauresque
Je t’aime je t’aime je t’aime je t’aime presque

 

Pour percer le mystère on s’approche et on louche
Sur la main qui menait Monet parmi les dieux
On voit les Nymphéas qui clignotent des yeux
On se recule un peu pour croire qu’on les touche
Je brûle de savoir m’éloigner de la fresque
Je t’aime je t’aime je t’aime je t’aime presque

 

L’automne fout le feu aux arbres qui me cueillent
Je maquille mes cils aux caprices du vent
Esquissant un salut d’un chapeau titubant
J’effleure d’un frisson le froissement des feuilles
Je t’esquive d’un rien d’un revers chaplinesque
Je t’aime je t’aime je t’aime je t’aime presque

 

Il s’en faut d’un cheveu que tes cheveux m’enlacent
Un talon qui se brise un bagage tombé
Une poussière à l’œil un café dérobé
Un petit pas de trop perdu dans Montparnasse
Mais je balbutierai quelque phrase grotesque
Je t’aime je t’aime je t’aime je t’aime presque

 

Tes mots qui vont à l’autre en me frôlant à peine
Ta joue qui sait le creux qu’attend mon oreiller
Ton sourire évité de peu juste à côté
Ton regard sur mon ombre à l’affût de la tienne
Le flou d’Isadora dans ta robe arabesque
Tu m’aimes tu m’aimes tu m’aimes presque

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